Une amie me disait il y a quelques semaines : mais comment fais-tu pour mettre en ligne tes textes ? Moi je ne pourrais jamais faire ça ! Elle ne comprenait pas ma démarche. Elle ne comprenait pas surtout, comment est-ce qu’on peut donner et je pèse mon mot, autant de soi à des inconnus. Car l’écriture est un don de soi, sans nul doute. Il faut être généreux pour ce faire, mais peut-être que cela est plus facile à dire lorsqu’on écrit quotidiennement et naturellement depuis tout petit… L’écriture est un moyen comme un autre de sortir voire, d’expulser de son corps et de son esprit, des choses digérées ou non, bonnes ou moins bonnes, douces ou acides, afin de se sentir mieux. Est-ce toujours un don de soi ? Je me suis souvent interrogé sur la question et surtout, ce qui me fit écrire et pourquoi j’écris encore… Et si c’est un don alors comment font les autres ? Ceux qui n’écrivent pas. Comment s’arrangent-ils avec ce manque qui ne m'aurait pas permis de survivre s’il m’avait frappé de plein fouet. Comment s'arrangent-ils avec la vie ?
Je pense qu’intrinsèquement l’écriture m’a sauvé. Elle m’a permis d’inventer des Mondes merveilleux ou non, lorsque celui dans lequel j’évoluais n’était pas forcément amusant ou en adéquation avec ce que j’attendais de la vie. Sur ce plan-là, un trou béant s’agrandissait de jour en jour, au fur et à mesure que l’horreur se jouait devant mes yeux et sans que personne ou presque n’imagine un seul instant l’intensité d’une telle situation. D’une telle souffrance. J’avais donc deux solutions : ou laisser ce gouffre devenir béant et m’avaler tout cru aussi menu étais-je à sept ans ; ou combler cette cavité par un procédé dont j’avais toutes les cartes en mains et je peux remercier la vie de m’avoir permis d’hériter pareil don. Et je ne parle pas de talent ici. Peu importe que l’on soit célèbre ou non, talentueux ou pas, ambitieux ou modeste, le tout étant d’avoir du plaisir dans ce que nous faisons et d’en sentir les bienfaits qu’il sait nous léguer. Rien d’autre n’a vraiment d’importance. Plus simplement, deux options s’offrent à nous : le chemin de la vie, ou celui plus funeste d’une existence terne et insatisfaisante à moins qu’il ne faille parler de mort. La mort de soi et tout ce que cela implique comme conséquences directes ou indirectes. Comme situations malheureuses ou inconfortables. Comme passivité et "non prise" de risque dans la plupart de ce que nous pourrions entreprendre. Mais combler ce trou béant en soi n’est pas si simple qu’il peut y paraître. Même en ayant tous les éléments pour colmater cette brèche, cela reste un chantier et peut-être même, le seul chantier vraiment important que nous ne connaitrons jamais. Un chantier oui. Avec les bonnes matières à trouver pour que la charpente de cet édifice tienne le plus longtemps possible. Utiliser les matériaux adéquats nous permettant de solidifier cette performance, car s’en est une et pas des moindres, afin d’édifier la structure la plus improbable et la plus incroyable qui soit. L’imaginaire et à fortiori l’écriture ont cette faculté de régénérescence à moins qu’il ne faille parler de résilience ou de miracle... Bien sûr, tout ne se passe pas aussi bien que l’on pourrait se l’imaginer. Il y a des imprévus, des endroits qui lâchent laissant passer nos démons, des recoins sombres que l’on peine à enluminer de quelques couleurs, des événements soudains ayant un impact direct sur cette entreprise titanesque. Des rencontres déstabilisantes, capables de nous faire revenir à la case départ. Mais même si cela aura des airs dramatiques, même si cela pourra sembler tragique, l’écriture toujours, attisant le feu qui est en nous saura nous donner la force de rebondir, l’énergie pour reconstruire et l’inspiration pour créer un monde dans ce monde réduisant les impacts négatifs et tempérant les déceptions, les attentes et les désillusions. N’oublions jamais, écrivaillons, auteurs, écrivains ou peu importe de quel titre il s'agisse, que l’écriture est plus qu’un art, plus qu’une œuvre, plus qu’une discipline. Elle peut être garante d’un équilibre fragile oscillant sans cesse entre le rire et les larmes, l’allégresse et la tristesse, l’optimisme et la torpeur, mais dans tous les cas et aussi grave peut-elle être, la vie en sortira vainqueur.
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