05 Dec
05Dec


Dites-vous que pour cette recette-ci, il ne suffit pas d’avoir les bons ingrédients. Il faut être prêt, à point ou mûr, c’est selon, pour réussir cet adorable encas qui pourrait, s’il s’avère prendre, devenir un repas consistant voire un banquet gargantuesque, pour les plus chanceux… Mais passons donc aux choses sérieuses, en vous rappelant au passage, que le principal dans une telle démarche, ce n’est pas le résultat en soi qui compte, même si c’est important, mais bien plus le plaisir que vous procureront un tel voyage et toutes ces heures passées à concocter ce qui sera sans conteste pour les novices, le plus incroyable trip jamais vécu. Mais trêve de bavardage, passons à la création, et je n’ai pas écrit : fabrication, comme vous avez pu le constater. Ce mot, pour ce qui est de la cuisine des mots, m’horripile, mais ceci n’engage que moi, bien sûr… 


Pour la base : En premier lieu, il faut vous mettre en condition. Chacun a sa propre manière de se conditionner. Certains pratiquent du sport, d’autres voyagent ou vont au cinéma. Quelques-uns font souvent l’amour, ou se baignent souvent dans une eau mousseuse au sel marin parfumé, mais dans tous les cas, cette mise en forme vous sera propre et unique. Il n’y aura que vos sens, capables de vous la faire connaître, et mieux vaut-il, pour les plus naïfs, vous attendre à tout, car vous risquez d’être surpris à bien des égards. Bien, maintenant que vous avez fait votre jogging, ou que vous avez comblé votre moitié toute une nuit durant, vous êtes à point nommé pour débuter cette grande aventure. Un soupçon de fiction et une bonne dose de vécu ou l’inverse, c’est selon, vous seront indispensables pour réussir pleinement votre œuvre. Une bonne mesure d’inspiration et une grande portion de travail ou l’inverse pour les plus chanceux seront la clé d’un jusqu’au-boutisme réussi pleinement. Du talent, mais ceux qui n’en perçoivent pas assez pourront tenter de combler ce vide en bossant plus que de raison. Une poignée intransigeante de discipline. Un peu de désinvolture, une pincée de prospection (mais avec le net, les choses sont plus faciles aujourd’hui), une lampée de déraison et une autre de profondeur, à moins que vous ne viriez dans le très noir. Une bonne mesure de modestie, ne pas l’oublier c’est primordial pour la suite. Un bon sens de l’observation et un esprit d’ouverture sans cesse à l’affût. Un peu de mystère, une cuillerée rase d’humour, quelques belles phrases parsemées ici et là, et le plus important, ne jamais oublier d’ajouter votre fil rouge, sans quoi, vous ne pourrez terminer votre ouvrage sans ressentir une étrange impression de ratage. 


Pour la création : Une fois tous les ingrédients devant vous et dans votre petit crâne d’auteur, n’oubliez pas que certains de vous sont du matin, tandis que d’autres se veulent des oiseaux de nuit. Si c’est un détail qui peut sembler futile, il peut s’avérer primordial, pour la bonne marche de votre projet, et mieux vaut-il savoir pour vous, si c’est la lune qui vous inspire le plus ou si c’est au zénith, que vos neurones sont le mieux chatouillés par l’inspiration. Ne tentez pas tout de suite de projeter des phrases emphatiques et pompeuses. Laissez-vous gentiment submerger par les mots et les idées. Comme une vague, sentez-les lécher les pourtours de vos attentes et draguer votre inspiration, la suite n’en sera que plus excitante. Une fois au bout de vos doigts, couchez-les sur le papier pour les intrépides et les indécrottables, et tapez-les sur l’ordinateur pour la plupart d’entre vous. Sans trop réfléchir. Sans trop analyser. Sans vous prendre la tête pour les fautes d’orthographe ou de syntaxe. Ce n’est pas le moment. Pour l’heure, il est nécessaire de tirer toute l’essence des éléments de base, afin d’en extraire le meilleur, la sève. Écrivez ainsi quelques lignes, voire, pour les plus hardis, quelques pages. Si ça ne prend pas, ne vous découragez pas. Reprenez votre ouvrage un autre jour, et dites-vous que ce n’est pas une compétition, mais un moment de détente. N’en faites pas votre cheval de bataille ou pire, votre chemin de croix, cela pourrait mal finir pour vous. N’oubliez pas qu’il n’y a qu’un tout petit pour cent de ceux qui créent comme vous êtes en train de tenter de le faire, qui vivent des fruits de leurs œuvres. Une fois passé ce cap et pour ceux qui auront réussi à coucher sur le papier assez de mots se rejoignant pour en faire une histoire tenant plus ou moins la route, ne relisez pas tout de suite. Ou alors, que pour corriger les fautes grammaticales et j’en passe et des meilleures, mais en aucun cas, ne touchez au contenu. Vous verrez, le plus souvent, une étrange sensation de fiasco nous envahit tout entier à cette étape du parcours, mais ne vous laissez pas démoraliser. Décompressez et surtout, laissez reposer cet amas de pages ou les quelques lignes de griffonnés. Ne pas lésiner sur la durée. Dites-vous qu’une création reposée n’en sera que plus juste et concise, car le recul, est sans aucun doute, le baromètre le mieux adapté à vos attentes, et pas que les vôtres… Après ce temps d’incubation et de réflexion, reprenez le projet en main. N’oubliez pas de l’imprimer pour les adeptes de l’écran, votre regard n’en sera que plus précis. Lisez d’abord sans ne rien voir d’autre que le contenu et la trame, et non les ratures qui pourraient faire mal aux yeux. Relisez encore et encore. Malaxez et mélangez le tout autant qu’il vous plaira, ça ne risque pas de retomber ni de disparaître, ne craignez rien. Laissez à nouveau reposer quelque temps. Relisez vos pages en tentant de rester le plus distant possible de vous-même, même si ce n’est pas chose aisée. Retouchez la syntaxe, corrigez l’orthographe, puis laissez à nouveau reposer quelque temps. Jetez-y un œil une « dernière » fois, imprimez-le lorsque vos attentes paraissent comblées. Laissez passer encore quelques semaines avant de vous vautrer sur le canapé avec votre bébé serré tout contre votre poitrine. Ne soyez pas si maternel ou paternel. Dites-vous, et je pense que ce sera pour la plupart d’entre vous qui lirez ces lignes, que vous l’avez aussi conçu pour les autres, et en voilà une belle preuve d’amour de son prochain… Le moment venu, flanquez-vous de la plus belle musique vous ayant touché dans votre vie, ou restez dans le silence le plus absolu. Asseyez-vous dans un siège confortable, contemplez votre œuvre, sans en ressentir une trop grande fierté, ça pourrait vous retomber sur la figure lorsque les premiers regards autres que vos yeux, contempleront votre bébé. Et lisez. Lisez. Lisez sans ne jamais oublier de garder une certaine distance. Si un sourire se dessine au coin de vos lèvres après avoir refermé votre ouvrage, et que vos quelques pattes-d’oie au coin des yeux font reluire votre regard brillant, n’ayez alors aucune crainte de le partager avec vos amis ou qui que ce soit. Mais dans tous les cas, dites-vous que ce que vous avez fait durant tout ce temps, est sans doute l’acte le plus sincère et le plus proche de vous que vous ne connaîtrez jamais, aussi, si les réactions sont quelque peu mitigées, il sera normal que vous le preniez un peu mal. Que vous ressentiez une déception. En lâchant votre bébé ainsi, mieux vaudra-t-il pour vous, que vous soyez armé contre ce genre de réaction et toute négation quelle qu’elle soit, si vous voulez survivre à cette expérience mémorable, qui, si elle vous a permis de sortir des choses insoupçonnées de vos tripes, d’ébranler vos us et coutumes, de faire flancher vos préjugés les plus improbables, n’en reste pas moins votre point de vue et votre manière de ressentir les choses. Et pas forcément celle des autres… C’est à cet instant précis que le baby blues vous envahira tout cru et aussi menue soyez-vous. Pour les plus passionnés, la terre semblera se dérober sous leurs pieds. Mais que cela ne leur fasse point peur, cette sensation quelque peu effrayante prouve par son existence qu’écrire, c’est avant tout donner. Donner de soi, donner aux autres. Et quoi que l’on dise, aller chercher si profondément des choses en notre être le plus intime, qu’elles soient bonnes ou moins belles, ne peut que laisser d’indélébiles empreintes. Des estampilles nous rendant si vivants en vérité. Marquant le temps de notre humble passage en ce monde et ce n’est pas rien. Vous ne pourrez empêcher ce sentiment d’accomplissement en vous et cette petite satisfaction légitime qui, si elle ne vous permet pas de rejoindre le top 10 des pontes de la littérature, vous fera avancer d’un grand bond, sur l’échelle de votre évolution.  

D. Berger

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